Le 24 février 2022, nous assistions avec stupeur à l’agression de l’Ukraine par la Russie. Deux ans après, et alors que ce conflit perdure, je vous propose quelques éléments de réflexions.
➡ Quand commence la guerre ? Souvenons-nous que l’Ukraine n’est pas en guerre contre la Russie depuis 2022, mais depuis 2014. La Russie avait alors démontré que l’emploi désinhibé de la violence comptait parmi ses modes d’action pour arriver à ses fins vis-à-vis du pouvoir, du territoire et du peuple ukrainiens. Cela doit nous inciter à considérer que la guerre se joue aussi (voire surtout ?) avant le déclenchement d’un conflit ouvert. Qui sont nos compétiteurs et nos adversaires d’aujourd’hui, potentiels ennemis de demain ?
➡ Le meilleur allié est un allié constant. Les analyses sur les perspectives du conflit n’ont cessé d’évoluer depuis le premier jour. Si à la guerre beaucoup est affaire de contingences qui peuvent précipiter son issue, il convient toutefois de maintenir des capacités d’analyse scientifiques et froides et de se prémunir du wishful thinking. Aujourd’hui, je resterais donc très prudent quant à l’issue du conflit. S’il apparait que la Russie est effectivement à l’initiative, c’est au tour de l’Ukraine de s’appuyer sur des positions défensives solides. Surtout, sur le plan opératif, le front reste globalement gelé par le cumul de la quasi-transparence du champ de bataille et d’une létalité (destruction+précision) inégalée à ce jour. Dans ce contexte, l’Ukraine attend de nous un soutien qui sera d’autant plus décisif qu’il sera constant. C’est le sens des cessions d’équipements et des formations conduites au profit des forces ukrainiennes. C’est le sens de l’accord de coopération en matière de sécurité signé récemment par les présidents français et ukrainien.
➡ Allier la haute technologie à l’innovation low cost. Sur le plan des équipements, ce conflit nous apprend une nouvelle dialectique, celle de l’innovation pragmatique, à bas coût, dont le soldat est à l’initiative et où l’industrie intervient pour réaliser la production de masse de manière réactive. Ce conflit restera celui des drones de tous types, dont la plupart des prototypes ont été bricolés, adaptés du commerce pour un coût dérisoire, et qui transforment l’engagement au niveau tactique. L’innovation est une culture, un état d’esprit, que nous devons faire nôtres.
➡ La guerre, un affrontement des volontés. Cette maxime prend à nouveau tout son sens aujourd’hui, tant pour le combattant qui lutte pour défendre une tranchée ou pour la conquérir que pour le niveau stratégique qui doit organiser et assurer la capacité à durer de l’armée et de la Nation. Car dans cette guerre qui s’annonce encore longue, c’est peut-être celui-qui s’épuisera le moins vite qui l’emportera. Là encore, montrons à l’Ukraine l’ampleur et la constance de notre soutien. Il ne s’agit pas que de chiffres. Et exerçons notre propre volonté !
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